On parle beaucoup aujourd’hui des abus auxquels donne lieu le crédit inter-entreprises (CIE), spécialement en période de crise et de la part de certains gros donneurs d’ordres (notamment de l’automobile, du luxe et de la grande distribution)1. Mais ce constat ne doit pas faire oublier que, structurellement, et en dépit des efforts récents du législateur pour en limiter la portée, la France est l’un des pays au monde où le rôle du crédit inter-firmes dans le financement des entreprises non financières est le plus important2. Dans la plupart des pays de l’Europe du Nord-Ouest, les banques ont réussi à s’intercaler entre les firmes en procurant aux acheteurs (les clients) les crédits nécessaires pour payer leurs vendeurs (les fournisseurs). En France, ce processus de substitution n’a pas eu lieu, ou tardivement et partiellement : alors qu’en Allemagne le crédit à court terme est fourni par les banques, en France il l’est par les entreprises non financières. Pourquoi ? Faut-il en imputer la responsabilité aux firmes elles-mêmes, aux banques, ou aux autorités monétaires ?