Les très grandes entreprises françaises ont plutôt bien résisté à la crise dite de 1929 dans leur ensemble, contrairement à ce que l’on pourrait en penser intuitivement. Malgré la chute très rapide des indicateurs macro-économiques, la Dépression ne fut pas un trou noir aspirant indistinctement l’ensemble des entreprises dans une spirale mortelle. Daniel Lefeuvre a ainsi montré dans ses recherches que le total des actifs des entreprises françaises a augmenté durant la période1. Alors que le PNB baissait de 16 % entre 1929 et 1938, la croissance annuelle en francs constants du total de bilan des entreprises françaises s’accrut certes modestement mais s’accrut quand même de 3 %.
Depuis une dizaine d’années, la littérature voit se multiplier des travaux cherchant à identifier les différents leviers à actionner afin d’encourager l’innovation au sein des entreprises. En prolongement de ces travaux centrés sur l’émergence d’une « culture de l’innovation », l’état de l’art réalisé dans cet article nous permet d’établir que créer une atmosphère de « sécurité psychologique » est le seul moyen permettant que :
– les membres de l’organisation ne soient pas paralysés par la peur d’échouer et continuent de proposer des projets audacieux,
– ces mêmes acteurs tirent les leçons des erreurs qui seront inévitablement commises au cours du processus d’innovation et soient en mesure de ne plus les reproduire. Nous suggérons, à ce titre, quelques axes de réflexion pour créer une culture du « droit à l’erreur » au sein des organisations, à commencer par la refonte des systèmes de sanction récompense et par l’inclination de la direction à « légender » les échecs. Nous soulignons néanmoins que ce qui est éventuellement possible dans le contexte de la culture américaine ne l’est pas forcément dans celui de la culture française.