Ce texte montre des cadres de différentes entreprises, des académiques et des consultants réunis pour produire ces biens très spécifiques que sont les « études de cas ». C’est la rencontre de deux éléments qui permet la production de cas : d’une part, l’histoire qu’ont préparée certains des cadres pour présenter une pratique managériale et, d’autre part, la réaction de l’assemblée suite à l’exposé de cette histoire. En se faisant questionner, les exposants sont invités à « montrer davantage », à laisser entrevoir « l’envers du décor ». Ce sont ces informations « croustillantes » qui déterminent le poids argumentaire du cas dans une discussion, et donc sa valeur pour des participants qui pourront l’utiliser ultérieurement. Tout l’enjeu de l’exercice est d’en voir le plus possible en évitant de poser des questions trop dérangeantes, ce qui rendrait le cas incommunicable et inutilisable, d’où l’importance accordée au respect des règles de fonctionnement du collectif.
L’exemple d’une Société d’Économie Mixte d’aménagement foncier présente un cas de fraude négligé par la littérature : la fraude s’y est répandue, peu à peu, du sommet vers la base par imitation et addiction, en une collusion tacite. La littérature s’était plutôt intéressée, en effet, aux manoeuvres illicites aux yeux du dirigeant ou interdites par le législateur. Mais elle n’avait pas modélisé le processus par lequel la fraude se constitue, se développe et trouve un terme. En s’appuyant sur le cas de cette SEM, nous proposons un modèle de diffusion de la fraude et nous discutons de sa possible généralisation, tout en analysant la pertinence des mesures traditionnelles de lutte contre la fraude.