Résumé
Fondé sur une réinterprétation de données existantes, complémentée par des entretiens, cet article cherche à dépasser la conception académique habituelle du positionnement « entre le marteau et l’enclume » des cadres infirmiers dans les hôpitaux. L’analyse comparative de la mise en oeuvre de deux expériences de démarche qualité, l’une en Angleterre l’autre en France, dans un contexte de restructuration en Pôles (France) ou plus anciennement en Clinical Directorates (Angleterre), permet de montrer comment les cadres s’emparent des contraintes gestionnaires et des référentiels de performance. La comparaison montre que, inscrites dans des histoires organisationnelles et professionnelles propres à chaque pays, les cadres se saisissent différemment des marges de manoeuvre créées par la tension entre « gouvernementalité » et « gouvernance ». Il apparaît ainsi que, en France, l’enjeu se situe au niveau de la reconnaissance professionnelle collective, que symbolise le rôle tenu par l’Institut de Formation des Cadres de Santé dans l’expérience étudiée. En Angleterre c’est le pouvoir des cadres, au niveau de chaque établissement, qui est en cause ; en atteste la transformation de l’organigramme fonctionnel qui accompagne la mise en oeuvre du référentiel « Essence of care ». Chemin faisant les normes de qualité sont ainsi amenées à être redéfinies par les acteurs censés les appliquer.
Mots-clés :
Hôpital, Cadre infirmier, Gouvernance, Assurance qualité, Angleterre.