MC20133531 PENSER LÉTAT MULTIETHNIQUE : UNE APPROCHE CULTURELLE DE LA QUESTION OUÏGHOURE
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Résumé
Sujet d’une brûlante actualité, la question ouïghoure est au coeur des préoccupations nationales chinoises. Que les autorités chinoises médiatisent les heurts puis les procès de Urumuqi ou qu’elles laissent les journalistes étrangers se rendre plus librement qu’au Tibet voisin dans cette région – le Xinjiang – à majorité ouïghoure témoigne d’une relative ouverture mais ces rivalités inter-communautaires révèlent au fond des différences et des différends très anciens qui montrent les limites du grand rêve national de l’État chinois. Pékin n’a peut-être pas encore mesuré le fait que les frustrations identitaires et religieuses des Ouïghours suffiront à nourrir pour longtemps des foyers de conflits. Mais ces aspects géopolitiques, très importants au demeurant, ne constituent pas l’objet principal de ce chapitre. Notre propos sera de rendre compte d’une expérience de la Chine dans son rapport à l’Islam.1 Dans ce pays immense, la religion du Prophète présente plusieurs visages. L’Islam y a produit de nombreux trésors artistiques et architecturaux. Dans cette première grande étape de l’Islam de Chine, en pays Hui, la question se pose, alors, de savoir si c’est le musulman qui s’est sinisé ou le Han qui s’est turkestanisé. Quant au Xinjiang proprement dit, pays des Ouïghours. Là, l’Islam se décline sur le mode turc. Une autre civilisation se fait voir, à la fois arabe et persane mais riche de ses expériences antérieures et toujours un peu chamaniste et animiste. A travers le monde des objets (jade, peinture, momies) se fait jour le rapport que la Chine entretient à ses minorités et ce que ce pays recèle comme part de mémoire enfouie.