L’augmentation continue de la mortalité par cancer bronchique chez la femme française est un des principaux problèmes de santé publique auxquels nous soyons actuellement confrontés. L’examen des tendances épidémiologiques montre que d’ici quelques années le cancer du poumon représentera la première cause de mortalité par cancer chez la femme française. Il est vraisemblable, sur la foi des études prospectives de cohorte, qu’il n’y ait pas d’augmentation du risque de cancer bronchique chez la femme par rapport à l’homme. Il est par contre probable que des différences biologiques séparent les deux sexes pour ce qui est de cette pathologie, comme en témoignent notamment la plus grande fréquence des mutations de p53 et K-ras chez les femmes fumeuses. C’est également dans la population féminine que se rencontrent préférentiellement les mutations de l’EGF-R, facteur prédictif de réponse au géfitinib et à l’erlotinib. Toutes les études démontrent que le sexe féminin est un facteur de bon pronostic pour ce qui est de la survie. Le cancer du poumon est le cancer qui tue le plus en France et dans le monde. Toutefois, la situation est contrastée selon le sexe des malades puisque, tout au moins dans les pays industrialisés, la pente d’incidence et de mortalité est en diminution chez l’homme tandis qu’elle augmente chez la femme. Cette particularité épidémiologique amène à étudier plus spécifiquement les caractéristiques des cancers bronchiques chez les femmes. Ainsi, la question se pose depuis longtemps de savoir si les femmes sont affligées d’une susceptibilité plus marquée que les hommes aux composés cancérigènes de la fumée de tabac, qui reflèterait des différences biologiques intrinsèques, tandis qu’il a été rapidement remarqué que le fait d’appartenir au sexe féminin constituait, pour cette pathologie, un facteur de meilleur pronostic, indépendamment du traitement appliqué. Ce sont là les principaux points que nous détaillerons
dans cet article de synthèse.Contexte : En France, les données de mortalité par cancer sont issues du Centre d’Epidémiologie sur les causes médicales de décès de l’INSERM. Les données d’incidence proviennent des Registres du Cancer qui couvrent environ 20% de la population française. Les données d’incidence au niveau national correspondent donc à des estimations.