Introduction

Le régime de non-prolifération est en train de connaître un des moments
les plus cruciaux et décisifs de sa brève histoire. Mai 2010, les longues
journées de la conférence de révision du traité de non-prolifération
(TNP) s’écoulent dans une ambiance de tension. Le traité qui constitue
la pierre angulaire du dispositif international de non-prolifération
nucléaire ne supporte pas un second échec comme celui qui avait
marqué la conférence de 2005. Cependant, si l’échec de 2005 était dû à
l’unilatéralisme aigu adopté par les États-Unis à ce moment-là, ainsi qu’à la
focalisation de l’agenda sur le dossier iranien et nord-coréen – une erreur
que l’administration Obama a déclaré vouloir éviter –, les probabilités
d’échec ou de succès de la conférence de 2010 dépendent étroitement de
l’avancement réalisé au niveau de la donne nucléaire moyen-orientale.
Considérée comme une des zones les plus perturbées – et peut-être aussi
perturbatrices du monde – un Moyen-Orient plus nucléaire qu’il ne l’est
déjà est difficilement envisageable pour la communauté internationale.
Ayant conscience de cette réalité, la nouvelle stratégie américaine vise
essentiellement à conserver le statu quo nucléaire au niveau régional en
traitant la question d’une manière globale : afin de contourner les calculs
complexes qui dominent l’équation sécuritaire régionale, et qui par la suite
risquent d’empêcher un déroulement productif de la conférence, il vaut
mieux traiter des problématiques délocalisées par l’angle global. Le but ultime d’un « monde à zéro armes nucléaires », le risque d’une « course
aux armements mondiale » et la menace immédiate et imminente du
« terrorisme nucléaire » ne sont effectivement que des concepts à la fois
clés et irréalistes qui incarnent cette nouvelle perspective.