Résumé

« Solidarité » (en langue chinoise, littéralement : liandai) désigne ce sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle. Entre confiance, honneur et interdépendance cette notion en recoupe une autre, encore plus fondamentale : le guanxi. Ce terme évoque à la fois la relation et l’individu à l’origine de la relation. Dans l’usage courant, le terme guanxi est employé pour qualifier des liens de parenté que les relations sociales en général et les contacts multiples (l’équivalent anglais de connections, en langue chinoise : ren yu ren de guanxi) qui peuvent naître de la recherche d’un intérêt ou d’un bénéfice communs1. La philosophie de l’art des guanxi implique que deux individus partagent au moins un point commun au nom duquel l’un peut demander à l’autre des services ou des faveurs. La terminologie chinoise reconnaît explicitement cette idée de communauté, puisqu’un terme désignant le motif de « solidarité » est toujours devancé par un mot qui signifie partagé, semblable (tong). Sont par exemple tongxiang des personnes originaires du même endroit ; tongxue, des camarades de promotion ; tongban, des collègues de travail ; tongbao (littéralement : mêmes ventres) des compatriotes. La familiarité formée par le tong naît alors de la « fusion des identités personnelles », « alter devenant une extension de soi-même » explique Mayfair Yang2. Très proche de la définition durkheimienne de la communauté organique, cette relation exprime un type de « solidarité par similitudes » attirant les membres d’un groupe les uns vers les autres parce qu’ils se ressemblent. « Les individus sont attachés à (…) la société qu’ils forment pour leur réunion »3, note Emile Durkheim. En outre, la structuration communautaire dans l’organisation sociale en Chine est construite sur une base solidariste et mécanique. Une forme d’allégeance traditionnelle d’où résulte « une solidarité sui generis qui, née des ressemblances, rattache directement l’individu à la société ».