Résumé

Emmanuel Lincot : « The Act of Killing » de Joshua Oppenheimer (2012) sur le massacre des communistes en Indonésie dans les années soixante, alliant documentaire et fiction, vous semble-t-il proche dans son procédé de l’oeuvre de van der Keuken dont vous êtes spécialiste ?

Robin Dereux : « The Act of Killing » est un film très impressionnant, par son sujet et par le choix radical de son réalisateur. Oppenheimer a choisi de donner la parole aux tortionnaires, à ceux qui ont torturé et tué, en visant l’élimination complète des sympathisants communistes en Indonésie. C’est un massacre d’envergure puisqu’il est question de plus de cinq cents mille morts, peut-être un million. Alors, pour en arriver à ce sujet, il a fallu du temps: Oppenheimer a commencé par filmer les victimes mais à chaque fois le tournage a été interrompu par la police. C’était apparemment un film impossible à faire. Au bout de deux ans, il a rencontré Anwar Congo, qui est devenu son personnage principal. Et évidemment c’est là que le film prend une autre tournure. Parce que la caméra du même coup passe du côté du bourreau.