PAL20149333 BONHEUR PRIVÉ, CARENCES PUBLIQUES. RETOUR SUR LA FRONDE SOCIALE DE MARS-JUIN 2013 AU BRÉSIL
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Résumé
Cet article propose de revenir sur le très vaste mouvement de protestations et de revendications qui a agité le Brésil entre mars et juin 2013. Les premiers groupes d’étudiants réclamant la gratuité des transports ont été peu à peu rejoints par des foules de plus en plus nombreuses de citoyens voulant exprimer leur révolte face à leur condition de vie (notamment le logement) et à l’état déplorable des infrastructures publiques (santé, éducation, transports, etc.) dans le même temps où d’énormes dépenses étaient consacrées à l’organisation de la coupe du monde de football. L’incurie et la corruption de la classe politique ont aussi été dénoncées avec force. Attisée par la brutalité de la répression policière et facilitée par l’ample mobilisation des réseaux sociaux, cette fronde a surgi après une dizaine d’années de croissance économique et de hausse des salaires. Deux pistes sont avancées pour éclairer les conditions de cette gigantesque révolte. La première met en avant le décalage entre les aspirations d’une génération de plus en plus scolarisée et la situation qui lui est faite au quotidien. La seconde est inspirée du modèle exit versus voice de l’économiste Hirschman et souligne que les citoyens qui disposeraient des moyens pour peser sur l’amélioration des services et équipements collectifs tendent à échapper à la défaillance de ceux-ci par le recours à la sphère marchande et privée.