MM201020532 La nouvelle dynamique libanaise . Un cheminement périlleux vers
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Introduction
Quinze ans de guerre civile suivis de quinze années d’hégémonie syrienne
ont fait du Liban un terrain à la fois sinistré en matière de rapport à son
passé et à forte potentialité belligène entre ses segments communautaires
ossifiés 1. Aussi, le retrait militaire syrien a-t-il ouvert plusieurs boîtes de
Pandore qui toutes ont parties liées avec son histoire contemporaine :
clivages intercommunautaires, légitimité des gouvernants, lutte antiisraélienne,
armement milicien ou question palestinienne, pour ne citer
que les principales. Si depuis l’arrêt des combats en 1990, les enjeux se sont
diversifiés et ont permis une repolitisation par le bas, comme les élections
municipales de 1998 l’ont montré 2, la période qui va de 2005 à 2009 a été
marquée par un regain de violences et d’antagonismes politiques. S’est ainsi
créé un rapport de force entre les partisans antisyriens dits du « 14 mars »,
du nom de la manifestation de masse qui, ce jour de 2005, rassembla plus
d’un million de Libanais, et ceux regroupés sous l’étiquette de l’autre
manifestation de masse, celle du « 8 mars ». Au terme de plusieurs épisodes
tendus entre ces groupements polarisés, la formation d’un gouvernement
dirigé par Saad Hariri en décembre 2009 sembla amorcer une nouvelle
phase du jeu politique et, peut-être, une nouvelle dynamique nationale. Le
retour au premier plan du jeu politique de la question du Tribunal spécial
pour le Liban (TSL) depuis l’été 2010 s’est donné comme une sourde menace
planant sur le Hezbollah et par extension sur la paix civile au Liban. Sans réellement remettre en question les aspects structurels du changement
politique en cours, cette nouvelle pomme de discorde entre les deux courants
politiques majeurs affecte avant tout la stabilité acquise avec l’accord de
Doha (mai 2008) mais surtout illustre la sclérose d’un système qui, depuis
le retrait militaire syrien, a montré la nécessité d’une refonte des bases de
l’entente nationale.