Cet article analyse les nouvelles approches des notions d’État et de régime chez les acteurs du mouvement de protestation syrien. Il démontre que le point fort de la stratégie de ce mouvement consiste à dissocier le régime de l’État au sens le plus large, à exploiter le caractère fuyant du pouvoir détenu par le régime et à réévaluer les bases de son autorité. Tirant parti des failles entre les techniques d’autoreprésentation du régime et ses manifestations quotidiennes, le mouvement de protestation a réussi à transformer de façon subjective l’image de l’État en recourant à de nouvelles sources de dissimulation publique.