Résumé
Si la littérature scientifique s’accorde sur la faible formalisation des pratiques de gestion des ressources humaines (GRH) dans les petites et moyennes entreprises (PME), peu d’études concernent le dialogue social au sein de ces structures (VOYNNET-FOURBOUL, 2010 ; BACHELARD et BURLEA SCHIOPOIU, 2010) et aucune, à notre connaissance, n’envisage la façon dont les dirigeants de PME peuvent gérer les effets de seuil. Pourtant, les obligations légales en matière de dialogue social sont fortement différenciées selon les effectifs composant l’entreprise et elles sont de plus en plus contraignantes avec le franchissement des seuils, en particulier celui des 50 salariés. S’appuyant sur une enquête qualitative réalisée auprès de dirigeants de PME, cette étude appréhende les attitudes de dirigeants de PME ayant déjà franchi ou s’apprêtant à franchir des seuils d’effectifs. Si elle révèle une concordance des discours autour des risques d’artifice, de conflictualisation et de technicisation du dialogue social liés aux franchissements des seuils, elle explicite les pratiques des dirigeants « coopérants » (DUVAL-HAMEL, 2005) qui visent à gérer le dialogue social de façon stratégique.