Résumé

Depuis une trentaine d’années, l’évolution des systèmes d’affectation des étudiants enmédecine dans les différentes filières d’exercice a modifié le processus d’orientation des futurs médecins vers les spécialités médicales, ainsi que l’ordre selon lequel les choix s’opèrent. Ces réformes ont eu des effets importants sur les mécanismes présidant aux choix individuels et collectifs des spécialités, en particulier en limitant le temps des décisions et des possibilités d’expérimentation d’exercices différents. Les Épreuves Classantes Nationales (ECN), système en vigueur depuis 2004, raccourcissent le temps de la prise de décision de spécialisation, laquelle devient publique et s’appuie plus sur des références étudiantes que professionnelles. La légitimité des choix et des hiérarchies médicales qui en découlent reposent aujourd’hui sur la mise en concurrence des candidats à partir d’une grille unique de critères sélectifs qui ne reconnaît pas la diversité des compétences et des qualités requises pour les différents modes d’exercice médicaux. Les professionnels ne sont donc plus en mesure de fixer les déterminants de l’intégration de nouveaux membres, ce sont les étudiants qui décident, selon un système de choix relatifs, de leur orientation dans des spécialités dont ils n’ont, souvent, qu’une représentation abstraite. Le texte s’appuie sur des enquêtes sociologiques réalisées auprès d’étudiants en médecine et de médecins de plusieurs générations, soumis à des systèmes de choix de spécialisation différents.

Mots-clés :

médecine, spécialité médicale, orientation, universités, internat.