EH20147430 ART. TERRITOIRES ET MOBILITES DES ENTREPRISES ITALIENNES DU SYSTEME
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Article : Territoires et mobilités des entreprises italiennes du système mode
Pascale FROMENT
Maître de conférences de géographie
Aix-Marseille Université
Résumé
À partir du renouvellement récent des recherches italiennes en sciences sociales, l’article propose d’aborder la reconfiguration des relations entre les entreprises du système mode italien et leur territoire au cours des deux dernières décennies. Les relations étroites nouées par les PME du made in Italy avec leur territoire, au fondement même de « l’invention » des districts industriels, sont remises en cause dans les années 1990, et plus encore dans la décennie suivante, par un décrochage de la croissance de l’Italie et un affaiblissement de sa place dans le commerce mondial. Cette décélération, liée à la mise en place de l’euro, à l’élargissement des aires de libre-échange et aux mutations du système productif planétaire, a affecté l’ensemble de la base industrielle du pays, avec une intensité inégale et interroge les valeurs et ressources sur lesquelles les régions avaient fondé leur essor, dans la Troisième Italie notamment.
Mais l’accélération récente des mutations est aussi le produit de transformations sociales plus lentes qui ont modifié les conditions de production de ces territoires productifs et de l’intensification des mouvements de population, de marchandises et de capitaux, de savoir-faire. Le processus de décentralisation productive à l’échelle de la péninsule dans les années 1970-1980 a fait place en effet à des mouvements plus larges de délocalisation de la production vers les pays de la périphérie proche à partir des années 1990. Parallèlement, l’inversion des flux migratoires à l’échelle de l’Italie, qui, longtemps terre de départ, est devenue terre d’accueil, se manifeste aussi par la présence importante d’une main-d’œuvre immigrée dans les districts industriels et par l’émergence d’un entrepreneuriat étranger sur le sol italien. C’est donc au prisme de ces mobilités, croisant hommes et activités, qu’il convient de réexaminer le renouvellement profond des rapports entre entreprises et territoires selon des tempos variables.