MM201422032 Art. Avec ou sans l'UE : parcours de migrants et de mobiles d'Afrique subsaharienne en Turquie
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Résumé
Dans un contexte mondial où la gestion globale des « bonnes migrations » est sans cesse promue, la Turquie propose un modèle de mobilité internationale en discordance avec les recommandations européennes, notamment au travers d'une politique souple en matière de visa, y compris pour les ressortissants des pays africains. Dans ce paradigme politique où le gouvernement turc cherche à accroître son influence en Afrique subsaharienne, attractivité, rayonnement et circulation des flux de toutes natures vont de pair. Cependant, l'UE enjoint la Turquie à « mieux gérer » les migrations et mobilités qui passent par son territoire, et les politiques d'application des acquis communautaires dans le cadre de l'accession de la Turquie au statut de membre de l'UE jouent un rôle de levier de négociation pour les deux parties. Avec l'appui d'un travail d'enquête mené auprès des migrants d'Afrique subsaharienne à Istanbul, nous soutenons que ces politiques divergentes ont un impact fort sur les pratiques des individus. Pour mieux comprendre la diversité des projets migratoires des individus, nous développons une analyse des figures sociologiques de la présence africaine en Turquie puis une typologie des différentes formes de présence. Au travers de ces deux analyses, nous voyons ainsi apparaître une hiérarchie des types de circulation de personne où se mêlent des situations variées. Alors qu'une minorité d'individus est mobile, circulant aisément le long des flux financiers ou commerciaux, la grande majorité est immobile dans la mobilité (en « transit »), inscrite dans une pratique migratoire reléguée à un régime migratoire révolu, circulant au gré d'opportunités le plus souvent subies.