MM200920233 Existe-t-il une gouvernance des systèmes d'innovation en Afrique
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Introduction
Il est difficile de parler de politique d’innovation dans les pays de la
Méditerranée, partenaires de l’Union européenne, du fait que la plupart
d’entre eux n’ont pris conscience de l’importance de l’innovation que très
récemment. S’il existe une politique de la recherche, si la recherche fut, depuis
les indépendances, l’objet d’une certaine attention en tant qu’instrument
des politiques de développement, ce fut souvent dans le cadre politique
des États et de leur administration publique. Les politiques d’innovation
en tant que telles naissent à partir des années 1980 lorsque la libéralisation
des échanges 1 place la « compétitivité » des entreprises et des économies
au centre des préoccupations politiques 2. De plus, il est difficile de parler
de « système d’innovation » dans la plupart de ces pays, non seulement à
cause de la taille relativement réduite des économies, mais aussi parce que
les relations entre les entités censées composer un système d’innovation
sont ici reliées de manière lâche et non systémique. Même la notion de
« système de recherche » semble mal refléter, à nos yeux, la situation actuelle
de la recherche ou des politiques qui s’y réfèrent, car la recherche n’est pas
entièrement reconnue en tant qu’activité sociale et économique légitime, ni par l’État, ni par la société 3, malgré une rhétorique qui lui est très favorable.
En revanche, nous pensons que plusieurs ingrédients de ce système
d’innovation – que nous préférons nommer « monde de l’innovation » –
se mettent en place, avec plus ou moins de facilité, et plusieurs acteurs
ont intérêt à faire fonctionner ces institutions nouvelles et leur mise en
relation. Se pose donc une question de gouvernance qui va au-delà de la
mise en application des politiques de l’État, de ce monde, d’un « système »
en devenir, que nous proposons d’explorer dans cet article 4.