MC20133640 REGARDS CROISÉS SUR LES CINÉMAS DASIE. ENTRETIEN AVEC ANTOINE COPPOLA
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Résumé
Emmanuel Lincot : Dans Ciné-voyage en Corée du Nord, vous décrivez l’intérêt et le voyage effectué par des cinéastes français – Armand Gatti, Claude Lanzmann et Chris Marker – au pays de Kim Il-sung à la fin des années cinquante. Quelles ont été les conséquences de ce voyage pour chacun d’entre eux ?
Antoine Coppola : Comme je le raconte dans mon livre Ciné-voyage en Corée du Nord1, le groupe de Français qui partit pour Pyongyang en 1958 avait été invité par les autorités nordcoréennes. Ces dernières souhaitaient jouer le jeu du pacifisme en pleine Guerre Froide et voulaient vanter la reconstruction réussie de leur pays largement détruit par la guerre de 1950 à 1953. Le groupe comprenait Gatti, Lanzmann, Marker mais aussi, entre autres, le cinéaste Bonnardot et le chansonnier Lemarque. Tous avaient pour point commun d’être des anciens résistants sympathisants de gauche voire d’extrême gauche à la recherche d’expériences révolutionnaires autres que ce qu’ils connaissaient – et déploraient – de l’URSS de Staline. Et leur voyage ne devait pas s’arrêter là, car la Chine de Mao, objet favori de leurs fantasmes politiques, les invitait également. Leurs ambitions étaient donc à la fois de découvrir un régime politique et, en tant que créateurs, de tenter de produire une oeuvre sur place ou en relation avec le pays.