MM200920234 LIGP Argane, entre patrimonialisation et marchandisation des re
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Introduction
Les qualificatifs ne manquent pas au sujet de l’huile d’argan : « or vert » du
Maroc, patrimoine naturel et culturel des sociétés berbères de l’arganeraie
et de l’humanité, huile aux multiples vertus (nutritives, thérapeutiques,
cosmétiques). Issu des fruits d’un arbre endémique devenu emblématique
de la lutte contre la désertification 2, ce produit vient de bénéficier de la première indication géographique 3 (IGP) du continent africain. Denrée
prisée des grands cuisiniers, dégustée dans les restaurants gastronomiques
de Paris ou de New York, vendue via Internet et sur les marchés « bio »
des pays développés, c’est actuellement l’huile alimentaire la plus chère au
monde. Incorporée dans des produits cosmétiques ou médicaux, brevetés
aux États-Unis ou en Europe, elle est commercialisée sous cette forme
aux alentours de 160 euros le litre d’huile pure. L’engouement commercial
pour cette huile est pourtant récent, tout comme sa différenciation en
deux produits ciblant des marchés distincts : alimentaire et cosmétique.
Il remonte aux années 1990, lorsque des chimistes (Zoubida Charrouf
et d’autres) ont confirmé ses nombreuses propriétés, notamment
antimicrobiennes et antioxydantes. Aidée par un fort battage médiatique,
l’huile d’argan voit sa demande augmenter rapidement sur divers marchés,
nationaux et internationaux, en particulier depuis cette reconnaissance
scientifique.