Résumé

Chaque marché national d’assurance possède ses propres particularités. En ce qui concerne la concentration des entreprises, la France se situe dans la moyenne de l’assurance européenne. Cependant, l’histoire de la concentration des entreprises d’assurance en France présente des traits spécifiques. Si l’on se cantonne à la période qui suit la Deuxième Guerre mondiale, trois aspects sont particulièrement frappants. Le premier est la séparation rigide entre le secteur des compagnies nationales et celui des compagnies privées. Le second, qui a joué un rôle important pour expliquer l’absence d’opérations d’envergure touchant le capital des compagnies, est l’absence pendant plusieurs dizaines d’années d’un marché financier digne de ce nom. Il suffit de rappeler à cet égard que la première OPA date de 1969. Elle fut regardée et à l’époque comme une américanisation des moeurs financières françaises. Le troisième aspect a joué un rôle important pour expliquer le mouvement et l’allure de la concentration des entreprises, celui de l’importance du secteur des mutuelles. Le statut des mutuelles (une tête, une voix), rendait quasiment impossible les prises de contrôle. Dans le cadre de l’unification économique croissante de l’Europe, les choses commencèrent à se modifier lorsque ces trois aspects principaux en vinrent à être remis en cause. La privatisation des compagnies nationales, la renaissance du marché financier depuis les années 1980 furent aussi accompagnés de divers mouvements concernant les mutuelles d’assurance. Démutualisation sous une forme ou sous une autre, regroupements court-circuitant la lettre des statuts, permirent à des mutuelles associées, de devenir des acteurs majeurs du marché de l’assurance française.