PS20144940 ART. LE BIAIS D’AUTO-COMPLAISANCE DANS LA CREATION IMMEDIATE DE CONNAISSANCES, ISSUE D’UN ECHEC
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Article : Le biais d’auto-complaisance dans la création immédiate de connaissances, issue d’un échec
Le cas des entraîneurs de Ligue 1
Julien CUSIN
Résumé
La presse managériale grand public souligne régulièrement les vertus positives de l’acquisition de connaissances par l’échec. Pourtant, malgré un intérêt grandissant pour cet axe de recherche toujours en phase d’émergence (Carmeli, 2007), la littérature en management n’a, jusqu’à présent, jamais permis d’étayer empiriquement cette thèse. Au contraire, les principaux travaux sur le sujet (Baumard et Starbuck, 2005 ; Cannon et Edmondson, 2005 ; Carmeli et Schaubroeck, 2008) nuancent très fortement le mythe de l’acquisition de connaissances par l’échec. Dans cette recherche, nous nous proposons donc d’étudier, en profondeur, une cause supposée de non acquisition de connaissances – en l’occurrence, le biais d’auto-complaisance (Miller et Ross, 1975) – et d’en vérifier l’existence sur le plan empirique. Plus encore, nous cherchons à étudier les liens entre l’auto-complaisance des individus et la performance de l’organisation. Nous nous interrogeons aussi sur la manière dont le biais d’intéressement dans l’attribution se manifeste dans la durée. Pour mener à bien cette réflexion, nous avons choisi d’étudier le discours des entraîneurs de football (Ligue 1), en conférence de presse, le soir d’une défaite, au cours de la saison 2010-2011. Il en ressort plusieurs résultats théoriques intéressants. Tout d’abord, l’existence d’un biais d’auto-complaisance n’est pas confirmée dans cet article. En outre, nous montrons que les individus les moins auto-complaisants ne sont pas ceux qui obtiennent in fine les meilleurs résultats sur le plan collectif. Enfin, nous soulignons l’importance du contexte social dans l’analyse rétrospective d’un échec. En revanche, nous mettons en évidence que l’accumulation d’échecs dans le temps et les situations de stress n’accentuent pas le biais égocentrique.
L'auteur
Maître de Conférences en sciences de gestion, il dirige le master 2 Management des ressources humaines par apprentissage à l'IAE de Bordeaux IAE de Bordeaux, IRGO – ERM, 35. Julien Cusin est ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan, Agrégé du secondaire d’économie gestion et docteur ès sciences de gestion (CREPA, Université Paris-Dauphine). Actuellement Maître de conférences à l’IAE de Bordeaux et membre de l’erm/IRGO, il a été lauréat du prix de thèse Gaëtan Pirou 2007 en sciences économiques et gestion. Il s’intéresse notamment aux processus d’acquisition de connaissance par l’échec. Auteur de Faut-il échouer pour réussir ?, Julien Cusin analyse la façon dont est vécu l’échec dans le monde professionnel et sa stigmatisation où il s'intéresse notamment à l'apprentissage par l'échec. Il dit l’importance d’intégrer l’échec dans le parcours scolaire et universitaire.