Résumé

Les deux principaux dirigeants du groupe sidérurgique luxembourgeois Arbed, constitué trois ans seulement avant les débuts de la Première Guerre mondiale, Gaston Barbanson et Émile Mayrisch, se trouvent durant la guerre dans des camps opposés : le premier en France où il travaille pour le compte du gouvernement belge en exil, le second dans le Grand-Duché, occupé par l’Allemagne à partir d’août 1914, où il gère l’entreprise. L’un se déclare favorable à un rapprochement économique avec la France une fois la paix revenue, nouant des contacts étroits avec le groupe Schneider, tandis que l’autre développe ses relations avec les grands groupes sidérurgiques allemands. Cela ne les empêche pas de garder entre eux le contact et de se rencontrer secrètement à plusieurs reprises en territoire suisse. Malgré leurs orientations respectives, ils ont en commun le souci de la prééminence future de leur groupe sidérurgique. Leur activité, qui mêle à la transmission de renseignements les contacts au plus haut niveau avec les milieux politiques et patronaux, montre comment une entreprise peut tirer paradoxalement avantage d’une situation d’occupation militaire durant un conflit.